Retour aux articles

Dioxyde de titane E 171 : l’ANSES recommande sa substitution par un produit plus sûr

Environnement & qualité - Qualité
17/04/2019
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a réalisé une revue bibliographique sur la toxicité du colorant alimentaire E 171 par voie orale et recensé 25 nouvelles études publiées depuis 2017. Les données scientifiques restent néanmoins insuffisantes pour lever les incertitudes sur l’innocuité de l’additif E 171 et l'ANSES recommande sa substitution par un produit plus sûr dépourvu de nanomatériaux.
Le E 171 est un additif alimentaire utilisé pour ses propriétés colorantes et opacifiantes dans de nombreux produits alimentaires tels que les bonbons. Il est constitué de particules de dioxyde de titane, notamment sous forme nanoparticulaire dans des proportions variables.

L’ANSES a publié, en 2017, une expertise sur une étude relative à la toxicité orale du E 171 (étude NANOGUT, Bettini et al, 2016) mettant en évidence des effets promoteurs potentiels de la cancérogenèse chez le rat. L’Agence soulignait alors la nécessité de conduire de nouvelles études toxicologiques afin de confirmer ou d’infirmer les effets rapportés dans cette étude.

De son côté, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), en charge de l’évaluation des additifs alimentaires en application de la réglementation européenne, avait souligné, dans le cadre de l’évaluation du E 171 en 2016, que les données concernant la toxicité pour la reproduction étaient insuffisantes pour fixer la dose journalière admissible (DJA) et la quantité maximale dans les aliments sans risque pour la santé des consommateurs.

Dans ce contexte, l’ANSES a été saisie en février 2019 par les Ministres chargés de l’Économie, de la Santé, de l’Agriculture et de l’Environnement, afin d’analyser les connaissances les plus récentes sur la toxicité du E 171. Le groupe d’experts, mis en place par l’ANSES, ayant réalisé une revue bibliographique sur la toxicité du E 171 par voie orale, a recensé 25 nouvelles études publiées depuis 2017. Certaines de ces études mettent en lumière, d’une part, de nouveaux signaux tels que la modification de mécanismes biologiques cellulaires chez la souris ou des anomalies du développement chez des invertébrés et, d’autre part, des effets génotoxiques in vitro via le stress oxydant (effets identifiés pour différentes formes de TiO2 nano-particulaire, dont le E 171). En outre, aucune de ces nouvelles études ne permet de confirmer ou d’infirmer le potentiel effet promoteur de la cancérogénèse du E 171 rapporté dans l’étude NANOGUT.

À l’issue de cette expertise, l’ANSES souligne à nouveau le manque de données scientifiques pour lever les incertitudes sur l’innocuité de l’additif E 171. Elle réitère donc ses recommandations pour disposer de données permettant de caractériser les formes physicochimiques de E 171 et de données toxicologiques complémentaires sur les effets potentiels liés à leur ingestion.

Dans l’attente d’une meilleure caractérisation toxicologique du E 171 et des travaux actuellement en cours au niveau européen, l’Agence rappelle ses conclusions générales antérieures relatives aux nanomatériaux visant à limiter l’exposition des travailleurs, des consommateurs et de l’environnement. Elle recommande donc de remplacer l’additif E 171 par un produit équivalent en terme de fonction et d’efficacité mais dépourvu de nanomatériaux.

L’ensemble de ces travaux seront pris en compte dans l’expertise actuellement en cours à l’ANSES « nanomatériaux dans les produits destinés à l’alimentation » qui concerne l’ensemble des nanomatériaux ajoutés intentionnellement aux denrées alimentaires.

Pour rappel l'article 53 de la loi n° 2018-938 du 30 octobre 2018, dite loi Egalim, prévoit la suspension de la mise sur le marché de l’additif E 171 (dioxyde de titane-TiO2) ainsi que des denrées alimentaires en contenant (voir La Revue Lamy Droit Alimentaire n° 386, nov. 2018, p. 11). Récemment le Gouvernement a annoncé qu'il suivrait les recommandations de l'ANSES d'interdire le dioxyde de titane pour un usage alimentaire, une mesure qui ne devrait donc plus tarder désormais.

Voir aussi Le Lamy Dehove sur Lamydroitalimentaire.fr, étude 250.
Source : Actualités du droit